900 maçons vaudois votent une grève de deux jours contre le démantèlement de leur CCT et pour une juste reconnaissance de leur travail

3 octobre 2025 - Lors de la plus grande assemblée générale du secteur de la construction de Suisse, les maçons vaudois ont voté ce vendredi soir le recours à la grève pour faire entendre raison à la Société suisse des entrepreneurs (SSE). Cette décision fait suite au blocage des négociations pour le renouvellement de la Convention nationale du secteur principal de la construction (CN), la SSE exigeant un démantèlent des acquis. Cette posture patronale menace d’aggraver encore la pénurie de main d’œuvre qui frappe la branche. Or, les ouvriers ont besoin d'horaires compatibles avec leur vie de famille, le paiement de tout le temps consacré au travail et un renforcement du pouvoir d'achat. Des journées de protestations sont maintenant agendées dans toute la Romandie les 3 et 4 novembre.

900 maçons vaudois se sont réunis ce vendredi soir 3 octobre au Palais de Beaulieu à Lausanne dans la plus grande assemblée de travailleurs-ses de la construction de Suisse. Constatant les blocages des négociations sur des points essentiels et la péjoration des conditions de travail exigée par la Société suisse des entrepreneurs, les maçons vaudois ont voté une grève de 2 jours à l’unanimité. Face aux propositions outrancières de la part des patrons, les maçons protesteront donc les 3 et 4 novembre dans toute la Suisse romande.

Des attaques indécentes de la SSE

La SSEs’est présentée aux négociations animée de la volonté de démanteler totalement les conditions de travail des maçons. En effet, la délégation patronale a fait des propositions inacceptables pour les travailleurs de la construction comme :

  • la semaine de travail de 50h sans calculer le temps des déplacements au chantier,
  • une flexibilisation de 400h du temps de travail (150 h négatives et 250 heures supplémentaires),
  • le travail généralisé du samedi sans supplément, au détriment de la vie de famille,
  • une baisse des indemnités en cas de maladie,
  • possibilité de licencier les travailleurs malades ou accidentés,
  • plus d’augmentations sur les salaires effectifs négociés dans le cadre de la CN.

Menaces d’aggravation de la pénurie de main d’œuvre

Pour Pietro Carobbio, responsable du secteur construction à Unia Vaud, « avec ses propositions, la SSE marche sur la tête et va aggraver la situation de pénurie de main d’œuvre ». La construction est confrontée à une profonde crise de pénurie de main d’œuvre : aujourd’hui, un maçon qualifié sur deux quitte le métier. Dans moins de quinze ans il manquera un travailleur qualifié sur trois. Ces nouvelles exigences patronales venues de Zürich menacent tous les efforts mis dans la revalorisation de la profession et la formation professionnelle dans la construction à l’échelle cantonale.

Réduire la pénibilité pour assurer l’attractivité

Pour le syndicat, les raisons de l’exode des salarié-e-s vers d’autres branches sont évidentes : journées de travail interminables, pression croissante, heures supplémentaires constantes et temps de déplacement jusqu’au chantier qui ne sont payés qu’à partir de 30 minutes. Les entreprises construisent de plus en plus, de plus en plus vite et avec moins de personnel. Les maçons en paient le prix de leur vie familiale, de leur sécurité et de leur santé. Lors de l’AG, Pierre-Yves Maillard, président de l’USS, a insisté : « Une amélioration des conditions de travail et de salaires dans la convention est aujourd’hui la seule manière d’arrêter l’hémorragie et de reconnaître dignement le travail effectué. »

Des revendications syndicales pour un travail digne

Pour les travailleurs, il est exclu que leurs acquis obtenus de haute lutte soient supprimés pour les seuls profits du patronat. Il est également hors de question pour eux de signer une nouvelle CN sans des améliorations notables de leurs conditions de travail, lesquelles, en cette période de réchauffement climatique, se durcissent, année après année. Par leur mobilisation, les maçons vaudois demandent des journées de travail moins longues, la fin du temps de déplacement non payé, une pause payée et une augmentation de salaire décente pour tous. Nico Lutz, responsable national du secteur construction, a salué « la mobilisation de milliers de participants aux assemblées dans toute la Suisse qui démontre la détermination des maçons de ne pas se laisser faire. »