Le Groupe Migros achève la fermeture de Micarna Ecublens et pressure les salarié-e-s. Unia saisit l’inspection du travail.

​​​​​​​Un an, presque jour pour jour, après la grève historique menée par les salarié.e.s de Micarna SA à Ecublens, la fermeture définitive du site se précise non sans d’importantes difficultés engendrant une grave détérioration des conditions de travail. Unia dénonce des infractions répétées et inacceptables à la loi sur le travail. Après avoir licencié du personnel, Micarna fait travailler le personnel restant au-delà des limites prévues par la loi sur le travail.

Suivant les informations transmises par plusieurs salarié-e-s encore actifs-ves sur le site vaudois, la fermeture de Micarna s’opère avec une pression accrue sur les salarié-e-s tant sur leur activité que sur leur avenir professionnel. L’accomplissement des exigences de production dans ce contexte de fermeture d’usine génère d’importants volumes d’heures de travail et ceci en totale violation de la loi sur le travail. Pour éviter de devoir assumer sa responsabilité sociale et appliquer son plan social déjà minimaliste, Micarna tente en outre de faire signer des contrats de travail précaires auprès d’agences temporaires à ses futur-e-s ex-salarié-e-s.

Infractions répétées

Malgré l’important recours à des travailleurs-euses temporaires pour palier la baisse des effectifs engendrés par l’annonce de fermeture du site, des amplitudes horaires de plus de 15 heures de travail quotidien ont été observées selon les informations transmises par les salarié-e-s sur place. Les infractions dont nous craignons l’effectivité concernent principalement : la planification du travail (art. 47 al.1 LTr, art. 69 OLT1), le repos quotidien (art. 15a LTr, art. 19 OLT1) et le travail supplémentaire (art. 12, 13 LTr, 25 OLT1).

Etant donné qu’un nombre non négligeable de travailleurs-euses temporaires sont actifs-ves sur le site, les dispositions légales en termes d’autorisation de placer du personnel aux entreprises de location de service devraient pour le syndicat également être analysées par la direction générale de l’emploi et du marché du travail (art. 16 al. 1 let. b LES).

Pression pour des emplois fantoches

Alors que Migros célèbre ses 100 ans en devenant le champion suisse du licenciement collectif, sa filiale Micarna démontre de nouvelles tentatives astucieuses d’éviter d’octroyer son plan social minimaliste à ses derniers collaborateurs-trices actifs-ves sur le site. Le géant orange tente en effet de convaincre les salarié-e-s de signer des contrats précaires auprès d’agences de placement pour ne pas devoir assumer le versement de modestes indemnités de licenciement. Grâce à la vigilance des salarié-e-s organisés auprès d’Unia, ces pièges ont pu être évités pour l’heure.

Plan social virtuel

Sur la huitantaine de salarié-e-s que comptait le site il y a tout juste un an, seuls 34 personnes sont toujours actives sur site (dont 13 partiront en préretraite à fin mai aux conditions ordinaires de la caisse de pension). Partant, une cinquantaine de collègues ont depuis quitté leur emploi. Comme nous le craignions l’an dernier, nous observons aujourd’hui que le plan social n’a pu bénéficier matériellement encore à aucun-e travailleur-euse. Cet état de fait nous conforte dans l’analyse que ce plan n’a en réalité jamais eu pour but d’atténuer les conséquences économiques et sociales de la fermeture du site.

Rappel des épisodes précédents

Après la grève du personnel Micarna de début mars 2024, le personnel avait arraché des modifications du plan social-cadre Migros, comme l’assouplissement des critères pour l’acceptation d’un emploi convenable, la liberté d’accepter ou de refuser une offre d’emploi chez Micarna à Courtepin tout en restant éligible au plan social, un meilleur respect du personnel et un appui externe pour le replacement. En terme financier, et après une intervention inutile de l'office cantonal de conciliation, très timide face à Migros, le plan social est malheureusement resté en-dessous des usages vaudois.