Manque flagrant de mesures pour lutter contre la canicule sur les chantiers !
Le sondage a été lancé le 21 juillet dernier et, en quelques jours, ce sont près de 600 travailleurs vaudois qui y ont répondu. Les résultats sont tout bonnement alarmants. Alors que l’on ne compte plus les alertes envoyées par les autorités et les médias pour protéger la santé de la population en cette période de chaleur extrême, force est de constater que les ouvriers de la construction sont presque livrés à leur sort et contraints de subir la canicule de plein fouet. Et ce alors même qu’il s’agit d’un des métiers les plus pénibles y compris dans des conditions climatiques normales.
Pas ou peu de mesures sur les chantiers vaudois
Les réponses au sondage démontrent un manque flagrant de mesures prises pour la protection de la santé des travailleurs alors que le travail dans des conditions climatiques caniculaires peut clairement porter atteinte à leur santé, et à leur vie dans les cas les plus dramatiques :
- Seuls 8% des chantiers ont décidé de l’arrêt des travaux, démontrant clairement la problématique des délais extrêmement serrés qui sont imposés dans la construction, notamment par les entreprises générales et les maîtres d’ouvrage, qui force à travailler quitte à mettre en danger la santé des ouvriers.
- Plus de 40% des sondés n’ont pas vu sur leur chantier la mise à disposition d’un point d’eau potable ou la distribution d’eau en suffisance. Pour rappel, en période de canicule, il est préconisé de boire jusqu’à 6 litres d’eau par jour, notamment dans le cadre d’une activité physique comme la construction, afin d’éviter des risques élevés de déshydratation.
- Alors que les recommandations du SECO indiquent qu’une pause de 10 minutes par heure travaillée doit être accordée en cas de canicule, moins des 20% des sondés affirment avoir bénéficié de tels aménagements de leurs horaires de travail. Encore une fois c’est le rendement qui prime sur la santé des travailleurs.
- Seules 20% des réponses obtenues indiquent que l’horaire de travail a été modifié afin de permettre aux employés de commencer le travail à 6h pour finir en début d’après-midi et ainsi éviter les pics de chaleur.
Une problématique globale…
Alors que les chiffres démontrent que le nécessaire est loin d’être fait pour la protection de la santé des travailleurs tant sur le canton de Vaud que pour le reste de la Suisse, le constat est tout aussi alarmant dans le reste de l’Europe. Dans un communiqué de presse du 25 juillet 2022, la Confédération des Syndicats Européens (CES) demande à l’UE une législation sur les températures maximales de travail. Rien que la semaine dernière, deux travailleurs sont morts victimes d’un coup de chaleur en Espagne et, en 2020, la France déplorait 12 décès à la suite d’accidents de travail liés à la chaleur. Il est à relever que les quelques pays européens disposant d’une législation sur la température maximale de travail fixent la limite entre 27 et 29° pour le travail en intérieur, loin des 34 degrés actuellement fixés comme signal d’alerte sur nos chantiers vaudois.
… et des réponses locales attendues de Fédération vaudoise des entrepreneurs
Pour l’heure, et devant l’augmentation prévisible des jours de canicule ces prochaines années avec le réchauffement climatique, il est impératif que la Société Suisse des Entrepreneurs (SSE) ainsi que tous ses membres prennent leurs responsabilités et veillent à ce que toutes les entreprises de la construction appliquent les mesures de protection pour les travailleurs en cas de canicule. Ceci concerne notamment l’aménagement du temps de travail, la distribution d’eau potable et fraîche en quantité suffisante et la possibilité de marquer des pauses chaque heure à l’ombre. Unia Vaud demande qu’un rappel soit effectué de toute urgence aux entreprises vaudoises par l’intermédiaire de la Fédération vaudoise des entrepreneurs.
Responsabilité des maîtres d’œuvre
En parallèle, les maîtres d’œuvre, en premier lieu les autorités publiques, doivent prendre conscience de leur rôle fondamental pour la santé des travailleurs et accepter parfois des retards dans les délais d’exécution, sans pour autant pénaliser financièrement les entreprises qui choisiraient de renoncer au travail en cas de canicule. Il faut cesser de privilégier les impératifs financiers au détriment de la protection des ouvriers de la construction (et aussi de la qualité du travail accompli) !
Renforcer plutôt que démanteler la CN
Cet état de fait démontre l’importance d’intégrer dans les négociations de la Convention nationale (CN), qui régit les conditions de travail des ouvriers du secteur principal de la construction et qui ont lieu cette année, la question du réchauffement climatique. Dans ce contexte, la revendication patronale d’un passage à la semaine de 50 heures de travail en été est une véritable aberration. Prendre des mesures pour qu’aucun travailleur de la construction ne risque sa vie au nom d’impératifs financiers ou de délais irréalistes à tenir n’est pas seulement une question de condition de travail mais surtout de dignité et de respect. Plusieurs propositions syndicales visent à mieux reconnaître le temps de pause comme du temps à disposition de l’entreprise, ce qui est garant de la santé des ouvriers. Unia Vaud attend que les patrons de la construction entendent enfin leurs demandes légitimes.
Plus d'infos pour les mesures à prendre : Chaleur & ozone – Unia, le syndicat
Sondage auprès des travailleurs : résultats
Contact du syndicat en cas de problème sur les chantiers : 0848 606 606 (donnez les indications les plus précises sur les problèmes et le chantier et nous vous recontacterons)