Sous-enchère salariale chez un sous-traitant de Nespresso : Unia en appelle à la responsabilité sociale de la multinationale
Unia Vaud et Unia Fribourg ont organisé une action de protestation devant la boutique Nespresso de Lausanne. Une trentaine de salarié-e-s de sous-traitants de Nespresso sont venus réclamer le paiement du salaire d’usage conformément à la CCT de location de service alors qu’ils reçoivent jusqu’alors un salaire de 14,45 francs de l’heure et une prime d’équipe de 2,50 francs.
Halte à la sous-traitance en cascade
Nespresso profite de la sous-traitance pour ne pas assumer ses responsabilités ; la multinationale contrevient ainsi à son propre code de conduite. Spécialisée dans le conditionnement de produits cosmétiques et alimentaires pour des entreprises comme Nespresso ou Valmont, la société sous-traitante Marvinpac travaille clairement pour le haut de gamme mais paie des salaires au-dessous des règles légales et conventionnelles. Le modèle d’affaire de Marvinpac, entreprise de Châtel-St-Denis, repose sur le recours massif à des travailleuses et travailleurs temporaires sous-payés. Comme le syndicat Unia le signalait déjà en juin dernier, l’entreprise de location de services Kelly Services SA sise à Vevey place de nombreuses et nombreux temporaires auprès de la société Marvinpac.
Négociations sans résultat
Depuis juin, des discussions ont été entamées entre d’une part Marvinpac et Kelly Services et d’autre part les travailleurs et travailleuses et le syndicat Unia. Une proposition a été formulée, demandant le paiement rétroactif du salaire d’usage prévu par la CCT. Marvinpac et Kelly Services ont refusé ces propositions. Les entreprises de location de services Interima, Manpower et OK Job ont également avant mars 2021, placé des temporaires auprès de Marvinpac et pratiqué le même salaire honteusement bas. Elles ont, elles aussi été invitées à négocier et ont refusé toute entrée en matière.
Nous venons d’apprendre que, face à notre insistance, Marvinpac et Kelly Services ont informé les travailleurs et travailleuses que leur salaire de base serait augmenté de 1,50 francs brut de l’heure, avec effet au 1er octobre, et que la prime d’équipe serait intégrée au salaire en janvier 2022. Cette adaptation reste largement insuffisante au regard des salaires pratiqués dans la branche.
Nespresso : mettre fin à un laissez-faire inacceptable
Par leur action de ce jour, les ouvriers et ouvrières de Marvinpac appellent Nespresso ainsi que les autres clients de l’entreprise, complices de cette sous-enchère, à assumer leur responsabilité sociale. La somme des arriérés demandée par les travailleurs et travailleuses avoisine les 420'000 francs. Cela représente, en part du chiffre d’affaires, 44 minutes de production de capsules Nespresso. Une somme ridicule. Alors que l’industrie recourt massivement au travail temporaire, les entreprises commanditaires doivent maintenant s’assurer que l’ardoise laissée par une sous-traitance en cascade irresponsable soit définitivement réglée. Nespresso a sans nul doute largement profité de la sous-enchère et doit contribuer à sa correction.
Infractions aux obligations légales
En parallèle de cette sous-enchère salariale indécente, Unia Vaud a constaté que Kelly Services effectue un licenciement collectif sans respecter les obligations légales de consultation du personnel. Dans un tel contexte, Unia a saisi le service vaudois de l’emploi pour que le locataire de service respecte la loi.